Comment faire un jardin japonais chez soi
Un monde de quiétude et d’harmonie, un pied de nez à la vie moderne, peu de besoin en eau et pas de gazon à tondre : les jardins japonais sont idéals en ville, dans des espaces restreints et peu lumineux ! Si un vrai jardin japonais requiert une patience et un savoir-faire difficiles à maîtriser, vous pouvez néanmoins apporter une touche japonisante à votre jardin en suivant quelques règles simples… Dépaysement et « zénitude » garantis !
Le jardin japonais : petit par sa taille, grand par son histoire !
Que l’on soit jardinier amateur ou averti, les jardins à la japonaise sont une source d’étonnement et d’émerveillement pour nous, occidentaux. Première surprise : avant d’être japonais, ils étaient… chinois ! C’est en effet en s’inspirant du style opulent des grands jardins chinois, avec étang et nature prospère, que sont nés les premiers jardins japonais, à la fin des années 700. Deuxième surprise : il n’y a pas un, mais des jardins japonais. Leur développement va être influencé par les modifications politiques, sociales, culturelles, architecturales et religieuses tout au long de l’histoire du Japon. Ce qui donnera naissance à des typologies bien précises (voir plus bas). Autre surprise : malgré leur petite taille, ils sont d’une grande richesse et surtout d’une complexité inouïe, sous leur apparente simplicité. Le jardinier japonais cherche en effet à reproduire, en le miniaturisant, un site naturel. Cours d’eau, îles, collines, montagnes… tout y est, esquissé et suggéré par des perspectives en trompe-l’œil et des jeux de cache-cache, afin de restituer l’atmosphère et non « l’expression intégrale » du paysage. C’est pourquoi, même s’il est exigu, un jardin japonais ne se dévoile jamais d’un seul coup d’œil !
Les différents styles de jardin japonais…
Chaque grande période d’évolution du Japon est associée à une nouvelle vision du jardin. Ce qui est remarquable, c’est que toutes aient survécu au vent de l’histoire ! En voici les principales…
- Le Tsubo-niwa : jardin de petite superficie, son origine remonte à la période Heian (800). Il entourait alors les bâtiments et faisait office de jardin d’agrément, qu’on contemplait depuis les pièces attenantes. De conception assez simple, il fait bien sûr la part belle aux plantes et aux éléments naturels. Aujourd’hui, il joue le rôle de jardin d’accueil ou de cour intérieure.
- Le Karesansui : autrement appelé jardin zen, il a vu le jour au XIIe siècle, à la période Kamakura. La philosophie du Zen règne alors en maître et le jardin, initialement lieu de loisir et de divertissement, se transforme en lieu de contemplation et de méditation. Littéralement « sec-montagne-eau », ce nouveau style se caractérise par son dépouillement : peu de plantes, prédominance de la roche et du sable (ou du gravier) ratissé.
- Le Cha-niwa : ou jardin de thé ! Il date du XVIe siècle (Momoyama), qui est une période de transition, marquée par le développement de la cérémonie du thé. Le jardin associé au pavillon de thé se veut simple et sans prétention, proche de la nature. Ses éléments caractéristiques : les pas japonais, les lanternes et des plantes comme les pivoines arbustives, les iris, les rhododendrons…
- Le Kaiyushiki : c’est le jardin promenade. Datant de l’époque Edo (XVIIe siècle), période de paix et de prospérité, il nécessite un minimum d’espace pour reproduire des paysages pittoresques ou mythiques, avec lacs, ruisseaux, bassins, ponts, lanternes… sans oublier les fameuses carpes koïs !
- Le Shakkei-zukuri : difficile de l’imiter, car ce jardin dit de contemplation suppose d’avoir un paysage « emprunté » en fond de décor, de préférence montagneux, dans lequel il va se fondre au premier plan ! Les éléments fondamentaux restent les mêmes : pont, pierres, lac ou bassin, camélias, azalées, acers…
Les incontournables du jardin japonais… pas à pas !
Bien que chaque jardin japonais soit unique et conforme à la personnalité de son créateur, on y retrouve les mêmes composants essentiels.
- Un espace délimité et miniaturisé.
Le jardin japonais est une « reconstruction » de la nature. Les clôtures, qu’elles soient en bambous ou composées d’arbres, sont donc indispensables pour s’approprier l’espace. Tout l’art du jardinier réside ensuite dans la miniaturisation des éléments naturels et leur mise en perspective (premier plan, plan intermédiaire et plan lointain).
- Du minéral autant que du végétal.
Pierres, rochers, gravier… le minéral est à la fête dans les jardins japonais. Ses rôles sont multiples : remplacer les plantes, simuler l’eau ou des îles, créer des points d’attention pour guider le regard et structurer les perspectives, etc.
- De l’eau sous toutes ses formes.
Lacs, chutes d’eau, rivières ou ruisseaux sont présents ou évoqués à travers des bassins, ou même par les gravillons et le sable dans les jardins zen. L’eau relie harmonieusement les différentes scènes du jardin et incite à la méditation.
- Des plantes arbustives plutôt que des fleurs.
Les végétaux sont choisis pour leurs qualités esthétiques (forme, floraison, feuillage, couleur à l’automne…), mais aussi pour leur facilité à être taillés. Les fleurs sont plus rares (iris, nénuphars), la règle n’étant pas à la profusion mais à la simplicité et au dénuement.
- Des accessoires symboliques.
Statues, bassins, fontaines, banc en pierre, lanternes japonaises… les éléments de décoration ont leur importance, à la fois symbolique (prière, recueillement, purification) et esthétique.
Une touche japonisante dans votre jardin en toute sérénité !
Comment faire un jardin à la japonaise chez vous ? Vous l’aurez compris, un véritable jardin japonais demande une science et une patience extrême… orientale ! En revanche, apporter une atmosphère japonisante à une cour, un patio, un coin de terrasse ou de jardin ombragé est relativement facile.
1) Consultez les nombreuses photos de jardin japonais que l’on peut trouver sur Internet et inspirez-vous-en pour dessiner le plan du vôtre sur une feuille de papier.
2) Disposez les éléments incontournables sans surcharger, en fonction de votre espace et en recherchant avant tout l’harmonie : des bambous pour marquer la « clôture », de l’eau (bassin ou fontaine), du gravier blanc, du sable ou de la mousse (sagine, helxine) sur le sol, quelques plantes fleuries ou arbustes (hostas, érables du Japon, pins, bonzaï d’extérieur, camélias, azalées, fougères, iris, rhododendrons). N’oubliez pas le minéral (3 rochers, pas japonais ou une composition de galets), ainsi qu’un accessoire typiquement japonais (lanterne, petit banc en teck, statue, fontaine en bambou)… et le tour est joué !
3) Si vous n’avez pas la main verte ou que vous disposez d’une surface réduite et sans lumière, rien n’est perdu : il vous reste l’option jardin zen. La plus minimale, mais pas la plus facile ! Songez que certains paysagistes laissent patienter leurs clients plusieurs années avant de placer à l’endroit prévu le rocher qui s’imposait…
Prête à mettre un brin de sagesse dans votre espace vert ? Rappelez-vous : le jardin japonais est contemplatif, c’est avant tout une ambiance et une image apaisante. À vous de cultiver la vôtre !
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